Au sujet du film “Riposte féministe” par Marie Perennès et Simon Depardon.

Un film à visée documentaire qui “omet” de préciser qui est la créatrice du mouvement des collages contre les féminicides qu’il prétend documenter.

Ce film à visée documentaire, omet de délivrer une information importante au public, c’est-à-dire le fait que je suis la créatrice du mouvement qu’il prétend documenter.

Il n’est pas difficile, par une simple recherche google, de trouver comment les collages contre les féminicides sont nés, c’est-à-dire pas par l’opération du simple esprit mais dans la tête d’une femme. Les collages contre les féminicides ne sont pas une création collective comme le laisse penser ce film, mais bien une création individuelle : la mienne.

D’ailleurs, le livre making-off de ce documentaire le précise dans sa préface — de façon incomplète et incompréhensible par le grand public. Dans cette préface mon prénom apparait au milieu de plein d’autres, et mentionne le fait qu’au début “Marguerite colle seule”.

Son autrice, Elvire Duvelle-Charles (une ancienne amie qui sait très bien comment sont nés les collages contre les féminicides), “omet” de préciser que Marguerite a un nom de famille : STERN. Et je ne peux m’empêcher de remarquer que ça n’est pas très féministe comme démarche, soit de totalement invisibiliser une femme, soit de minimiser son rôle dans l’Histoire. Ce procédé est utilisé depuis des millénaires pour minimiser l’apport des femmes à l’humanité et je ne vois qu’un seul adjectif pertinent pour le qualifier : sexiste.

Les collages contre les féminicides ne sont pas une oeuvre collective comme le laisse penser le documentaire “Riposte Féministe”.

Ma version de l’histoire, c’est qu’un certain nombre de femmes engagées dans ce mouvement sont désormais mal à l’aise avec ma personne car depuis trois ans je tiens publiquement des positions extrêmement polémiques au sein du féminisme : j’affirme que les femmes sont des femelles et les hommes des mâles. Cette position me vaut l’insulte de TERF (littéralement “Trans Exclusionary Radical Feminist”), diverses humiliations comme des jets d’oeufs au visage en manifestation, un harcèlement quotidien sur les réseaux sociaux, des bannissements répétés sur ces plateformes d’expression, ainsi que la sombre réputation de féministe “anti-trans” ou “transphobe”.

L’équipe de production du film a affirmé ne pas vouloir faire état des divergences d’opinion au sein du mouvement qu’elle prétend documenter. Ça n’est pas ce que je demande. Je me fiche bien de ça. je demande le strict minimum : ne pas être effacée de l’Histoire.

Lorsqu’on regarde le film “Riposte Féministe” ou lorsqu’on lit le livre “Riposte Féministe”, on a l’impression que cette oeuvre est celle d’un collectif. C’est faux. Certes, plusieurs collectifs la font vivre (pas toujours de façon très fidèle à son esprit originel d’ailleurs), mais elle n’est l’oeuvre que d’une seule personne, c’est-à-dire moi. et je trouve cela extrêmement pénible d’avoir sans cesse à me battre contre cette forme de révisionnisme. J’ai conçu cette esthétique seule. J’ai collée seule à Marseille pendant plusieurs mois au début de l’année 2019. À la fin de l’été de la même année, j’ai réuni un collectif à paris dans le squat où j’habitais, et j’ai formé plusieurs centaines de colleuses qui venaient quotidiennement pendant un mois. J’ai également formé plusieurs centaines de colleuses à distance. Je les ai aidées à se fédérer. Je leur ai transmis l’esprit des collages contre les féminicides. je n’ai pas fait que mettre un lieu et du matériel à disposition. Tous les jours, je leur parlais de l’âme de ces collages, je contrôlais les slogans qui étaient peints, les formulations, l’épaisseur de la typographie. Puis j’ai décidé de prendre un peu de distance, étant épuisée, et considérant que je ne devais pas devenir la seule figure des colleuses contre les féminicides dans les médias — car c’était ce qui était en train de se passer. Alors pendant des mois, j’ai délégué les demandes d’interview de sorte à ce que la lumière ne se focalise pas uniquement sur moi.

De nouvelles figures ont alors émergé, et de nouveaux slogans avec. des slogans bien loin de l’esprit originel des collages contre les féminicides. Je déplore que mon oeuvre ait ainsi été parasitée et détournée de sorte à être même parfois mise au service d’une idéologie absolument contraire à mes valeurs.

Le film “Riposte Féministe” documente en réalité une forme de parasitage des collages contre les féminicides.

J’estime que ce film représente une forme de parasitage de ma création :

  • En présentant les collages contre les féminicides comme une activité “fun” pour les bandes de copines qui n’ont rien de mieux à faire de leur temps libre, le film Riposte Féministe alimente l’idée que ce mode d’expression et cette esthétique sont au service de ce qui ressemble davantage à du développement personnel qu’à du féminisme. Le ton est léger, ELLES RIENT. Personnellement, les féminicides ne m’ont jamais faite rire. Et coller n’a jamais été un hobby. Très franchement, je me serait bien passée de cette colère qui me ronge encore les entrailles. Les lettres noires qui se découpent sur les feuilles blanches, qui se découpent elles mêmes sur le support où elles sont collées, ont toujours eu pour moi une forme de gravité. une forme d’expression de l’urgence à agir pour que ce massacre cesse. Ça m’est insupportable que des femmes se permettent de présenter cela comme quelque chose de cool. ma révolte initiale n’a rien de cool.

  • En représentant des collages formulés à l’écriture inclusive pour parler des féminicides, le film Riposte Féministe nuit au message originel des collages qui pourrait se résumer ainsi : “Aujourd’hui en France et partout dans le monde, des hommes tuent des femmes. C’est inacceptable. Ce massacre doit cesser.”. J’estime que l’utilisation de l’écriture inclusive pour parler des féminicides est une insulte aux femmes assassinées et à l’esprit de ma révolte originelle.

  • En représentant des collages aux revendications anecdotiques et souvent incompréhensibles par le grand public, le film “Riposte Féministe” nuit à la représentation du mouvement que j’ai créé. Je n’ai jamais donné pour but à mon esthétique — qui peut paraitre simple au premier abord, mais qui a été en réalité relativement complexe à élaborer — de servir de médium de propagande à l’idéologie trans contre laquelle je lutte activement. Et j’estime particulièrement pervers que des femmes utilisent en connaissance de cause ma création, pour se faire mousser sur les réseaux ou sur le tapis rouge de Cannes. Elles instrumentalisent, parasitent et défigurent ma création.

Je précise que j’ai mandaté mon avocate Ermeline Serre, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle pour étudier toute voie de droit.

Pourquoi cet effacement du mouvement des collages contre les féminicides et ce parasitage ?

La vérité c’est que ce film “omet” de me mentionner car je suis devenue “celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom”. Mes prises de position politiquement incorrectes au sujet du transgenrisme ont fait de moi une personne infréquentable. Tous les procédés qui relèvent de l’invisibilisation et du révisionnisme sont en vérité une manière d’éviter les questions qui fâchent. Et last but not least, une façon de se faire de la thune avec la création totalement gratuite d’une femme sincèrement révoltée par le massacre des féminicides.